Film tourné en 16 mm et Super 8, Noir & Blanc, Couleur, Muet, 8 minutes.
Œuvre dans la Collection du Centre National des Arts Plastiques et Graphiques (CNAP).
« Tracer le vide (2017) est une vidéo qui alterne des images en couleur (pellicule 16mm) et en noir et blanc (Super 8) par laquelle l’artiste filme des sujets arpentant avec des cordes les côtes qui unissent l’Italie et la France, dans la recherche inépuisable d’attachements. La nature cyclique de ces gestes est ainsi traduite par la résurgence d’images que l’on pourrait qualifier de mentales, et par leur contraste technique, qui brouille les pistes d’une narration linéaire. Les cordes, qui s’accrochent avec une force vibrante à la roche, dessinent des lignes interprétées comme des propositions, des énoncés sur le besoin primordial de créer un lien entre individu et territoire. De par leur structure architecturale, elles bâtissent des fondations temporaires que Rebecca Digne conçoit comme des trajectoires allant occuper et transformer l’espace. L’effet fébrile des cordes en tension contraste désormais avec des nœuds, lieux où les tensions psychiques se rassemblent en se resserrant. Tim Ingold, dans le développement de son analyse anthropologique consacrée à l’action de dessiner dans l’espace, suggère que, même en présence des nœuds, la ligne continue son parcours et avance dans l’enchevêtrement d’autres nœuds, une sorte de métaphore de la vie, présentée comme une prolifération de queues de comètes3 . Ces postulats résonnent avec le travail de l’artiste, qui souligne à plusieurs reprises l’oscillation entre lien et perte, une dynamique qu’elle accepte et qu’elle traverse, avec un geste, simple : tracer. »
Alessandro Gallichio, 2017